« Le Roi fonds euro est mort ! Vive la Reine gestion indicielle »
Les principales banques centrales s’accommodent de niveaux de taux d’intérêt très bas qui ont désormais vocation à le rester un temps certain. Cela place de facto les assureurs français dans une situation particulièrement délicate.
En effet, comment continuer de proposer à leurs clients un rendement autour des 2% pour l’épargne placée dans les fonds euro de leurs contrats d’assurance-vie quand ils sont désormais bien incapables de placer cette même épargne dans des placements peu risqués avec un taux d’intérêt simplement positif…
On pourra arguer qu’ils ont stockés des réserves de performances acquises les années passées et qui représentent environ 4,3% des encours. Celles-ci vont pouvoir servir d’amortisseurs pendant quelques temps, favorisant d’ailleurs les nouveaux entrants qui profiteront des réserves réalisées grâce aux clients de longue date. Mais c’est une simple question de mois avant que l’ère exceptionnelle d’un produit à la fois garanti et performant se referme en France.
Ainsi les pistes étudiées et annoncées par les assureurs dans la presse spécialisée depuis quelques semaines pour répondre à cette nouvelle donne vont d’une baisse drastique des rendements dès 2020 à des contraintes d’investissement renforcées obligeant la prise de risque en UC en passant par la réapparition possible de certains frais. Les Français retrouvent ainsi le paradigme que vivent les autres pays depuis longtemps et qui pose la même question (saine) à tous les épargnants : quelle prise de risque en échange de quel objectif de performance.
Pour bien répondre à cette question, il y a un effet collatéral des taux d’intérêt bas à avoir en tête : c’est de l’importance du niveau des frais prélevés que découle désormais les bonnes décisions d’investissement. En effet, prélever 3% de frais peut être relativement indolore quand les performances annuelles des marchés s’affichent autour des 10% mais lorsque ces mêmes performances passent en dessous des 5%, la répartition de la valeur créée devient absurde avec des intermédiaires financiers bien mieux rémunérés que le preneur de risque…
La fin du rendement sans risque qu’a pu incarner le fonds euro met en exergue l’impérieuse nécessité de lui trouver des alternatives viables dans ce contexte financier particulier. La classe d’actifs immobilière s’affiche ainsi en classe d’actifs chérie des Français, qui y voient une sécurité tangible et une régularité récente des performances qui les rassurent. Mais cela devrait être aussi un point d’inflexion pour l’avènement attendu de la gestion indicielle en France.
Entre une gestion active très coûteuse si elle n’est pas réellement différenciée des indices et des taux sans risque négatifs, la voie de la raison et de l’efficacité militent pour ces solutions indicielles permettant une diversification large et les frais les plus bas évitant ainsi d’obérer des performances de marché désormais plus mesurées. Les ménages américains qui n’avaient pas de solutions comme le fonds euro l’ont compris depuis longtemps. Ainsi 40% du portefeuille des particuliers américains sont investis à ce jour en fonds indiciels à bas coût contre moins de 1% en France.
Les banques et les assureurs ont conscience que cette orientation est incontournable. Les performances passées militent année après année en leur faveur. Des études comme SPIVA par S&P sont des bases de données factuelles qui se révèlent très éloquentes quant à la régularité de la surperformance des indices par rapport aux fonds de gestion active. Il faut désormais trouver ensemble la solution qui offre le juste équilibre de rémunération entre les investisseurs et les différents intervenants.
La fin du fonds euro n’est sans doute pas une bonne nouvelle pour l’épargne de court terme mais si l’on regarde les rendements de l’épargne de long terme, une prise de risque permettra aux Français de retrouver les niveaux de performance financière supérieurs de leurs homologues anglo-saxons. Le track-record de nos mandats depuis plus de 4 ans est une démonstration des plus concrètes de l’intérêt de prendre du risque sur le temps long.
À nous, conseils et gérants financiers, d’en faire inlassablement la pédagogie en toute transparence pour que d’un choix subi ou contraint, cette prise de risque soit mieux comprise, remise dans la perspective d’un temps long et bien sûr adaptée à chaque client pour la rendre la plus fructueuse possible. Et si vous êtes définitivement allergique au moindre risque, pas de panique soyez simplement prêt à perdre un peu de votre pouvoir d’achat chaque année en échange de votre tranquillité.
Par Sébastien d’Ornano, Président de Yomoni
@H24Finance
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