Selon l’ONU, 2,3 milliards de personnes vivent dans des pays où les quantités d’eau disponibles ne suffisent pas à répondre aux besoins tout au long de l’année. Un phénomène inquiétant de pénurie qui s’accentue à mesure que le climat se réchauffe.
Par Muryel JacquePublié le 22 mars 2023 à 18:35Mis à jour le 22 mars 2023 à 18:55
« Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité. » Quelques heures avant l’ouverture de la conférence mondiale de l’ONU sur l’eau douce ce mercredi à New York, une fois encore les mots de son secrétaire général, Antonio Guterres, ont frappé fort. « L’humanité s’est engagée aveuglément sur un chemin périlleux », a-t-il écrit dans le dernier rapport de l’ONU publié par l’Unesco.
L’an dernier, plus de 2,3 milliards de personnes ont été confrontées au moins une fois dans l’année au « stress hydrique », lorsque les ressources sont insuffisantes pour répondre aux besoins de l’environnement et des êtres humains. Et 10 % de la population mondiale vit même dans des pays où ce stress hydrique atteint « un niveau élevé ou critique », souligne le rapport.
Le réchauffement aggrave la situation
Le monde extrait pourtant entre 10 % et moins de 19 % par an du total des ressources en eau douce renouvelables qui sont disponibles sur Terre, indiquait la FAO en 2018. Le chiffre pourrait paraître « rassurant » en soi, mais il cache en fait des disparités parfois très importantes entre les grandes régions du globe, voire à l’intérieur des pays, soulignent les auteurs du rapport. L’Asie centrale et l’Asie du Sud enregistrent ainsi des niveaux de stress hydrique « élevés » contrairement à l’Asie de l’Est où le niveau est « faible ».
Très affectée, l’Afrique du Nord accuse aujourd’hui un niveau « critique ». Mais l’ensemble du continent subit un stress sans précédent. En novembre dernier, l’organisation météorologique mondiale (OMM) avertissait dans son rapport sur « L’état du climat en Afrique » que les restrictions de disponibilité de l’eau vont entraver l’accès à l’eau potable et qu’elles risquent de déclencher des conflits entre des personnes en proie à des difficultés économiques.
Cette menace d’être à court d’eau dépend de la disponibilité des eaux de surface et des eaux souterraines, qui elles-mêmes dépendent de la variation des conditions climatiques, comme des extractions liées aux activités humaines. Or, « partout dans le monde, on trouve des zones d’épuisement des nappes souterraines, en particulier dans les zones qui pratiquent une extraction intensive à des fins d’irrigation [pour l’agriculture] ou pour l’alimentation des grandes villes », déplore l’ONU.
La déforestation et la pollution des ressources sont aussi pointées du doigt. Et le réchauffement climatique aggrave encore la situation. Les sécheresses accrues et les vagues de chaleur qui s’enchaînent entraînent une hausse de la demande en eau et, donc, des pressions sans précédent sur les ressources hydriques.
L’ONU rappelle qu’en 2016 déjà, la Banque mondiale prévenait que les pénuries d’eau exacerbées par le changement climatique pourraient coûter à certaines régions touchées jusqu’à 6 % de leur produit intérieur brut d’ici à 2050, « en raison de leurs effets sur l’agriculture, la santé et les revenus, ce qui pourrait entraîner des flux migratoires, voire des conflits ».
Muryel Jacque
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