Par Anne Feitz Publié le 23 mars 2024 à 08:27

Des travaux ont été engagés sur des fuites dans les réseaux d’eau potable, de nouveaux projets de réutilisation des eaux usées ont été lancés. Mais les promesses sur la qualité de l’eau ou sur les nouveaux moyens financiers pour les agences de l’eau tardent à se matérialiser.

La gestion de l’eau s’est-elle améliorée depuis l’annonce en grande pompe par Emmanuel Macron d’un vaste plan antisécheresse, fin mars 2023 ? Même si le gouvernement se targue d’avoir engagé « 100 % des 53 mesures annoncées » (dont 14 effectivement mises en oeuvre), le bilan global, un an plus tard, reste mitigé.

Annoncé dans la foulée de la sécheresse de l’été 2022, qui avait brutalement rappelé que l’eau est une ressource précieuse, ce plan visait à inciter aux économies (-10 % de consommation d’ici à 2030), à optimiser son utilisation en réduisant les fuites, par exemple, mais aussi à améliorer la qualité de l’eau en s’attaquant aux pollutions.

Promesses sur la réduction des pollutions

En déplacement en Meurthe-et-Moselle pour présenter la liste promise des 50 sites industriels engagés dans des plans d’économies, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’est félicité de plusieurs avancées notables.

Concernant les fuites, 93 des 171 « points noirs » (identifiés l’an dernier pour leur taux de perte supérieur à 50 %) ont fait l’objet de travaux, pour 125 millions d’euros dont 59 millions d’aides accordées par les agences de l’eau. Le plan avait prévu de débloquer pour cela 180 millions d’euros.

Les projets de réutilisation des eaux usées se sont aussi multipliés : le ministre a évoqué « plus de 700 projets en service ou à l’étude », pour un objectif de 1.000 en 2027, grâce à la parution de plusieurs décrets en ce sens.

Mais d’autres mesures annoncées, comme la généralisation de la tarification progressive, ont fait flop. Publié fin novembre, le rapport promis du Conseil économique social et environnemental sur le sujet a conclu que les conditions d’une telle généralisation n’étaient pas réunies.

Les grandes promesses sur la réduction des pollutions ont aussi été mises sur pause. « Ce sera le sujet de l’année qui vient, nous avons des marges d’amélioration dans ce domaine », a reconnu Christophe Béchu.

Le plan prévoyait notamment une protection accrue des aires de captage, en y réduisant par exemple l’utilisation des pesticides. « Nous craignons que les mesures correspondantes prévues dans le plan Ecophyto n’y soient pas maintenues », avance Régis Taisne, chef du département eau à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR).

Agriculteurs exemptés

Surtout, les moyens supplémentaires promis pour les agences de l’eau semblent également se dégonfler. Emmanuel Macron avait évoqué une enveloppe de 475 millions d’euros, qui devaient notamment provenir d’une meilleure répartition des redevances entre usagers . Alors que le projet de loi de finances pour 2024 avait prévu de ponctionner davantage les industriels (pour 120 millions) et les agriculteurs (pour 47 millions), le gouvernement a finalement accepté d’exempter les agriculteurs .

« Par ailleurs plusieurs autres programmes financiers ont été amputés, au détriment des agences de l’eau », dénonce Régis Taisne. La colère des agriculteurs et le creusement du déficit public ont eu raison des ambitions sur l’eau, en tout cas pour l’instant.

Enfin le débat sur les bassines n’a pas été réellement tranché. Il faut regarder « projet par projet » pour identifier « ceux sur lesquels il y a matière à accélérer et ceux sur lesquels il peut y avoir des débats », a estimé Christophe Béchu vendredi, alors que les Soulèvements de la Terre appelaient à de nouvelles manifestations à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), théâtre de violents affrontements il y a tout juste un an.